Vous savez, l’été, les journaux publient souvent des romans dont l’histoire se déroule sur la durée des vacances. On les lit en se chauffant sur le sable chaud de l’île de Ré ou à la pause casse croûte de la randonnée.
Vous avez déjà lu plusieurs épisodes de la saga.
Aujourd’hui, rebondissement avec la publication par son auteur, Yves CLEMENT, (le gentil pour les uns, le traître pour les autres) de la lettre qu’il a envoyé aux conseillers généraux de la majorité départementale qui l’ont exclu de leur groupe à l’unanimité silencieuse d’une réunion déjeuner où il ne fut pas invité.
A suivre …peut être
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Yves CLEMENT
Conseiller général du Loiret
BP 124
45161 OLIVET CEDEX
Olivet, le 11 juillet 2007.
Chers Collègues,
J’ai reçu mercredi 27 juin le courrier ci-joint d’Antoine Carré au nom du groupe de la majorité départementale.
Après réflexion je souhaite aujourd’hui vous faire part des réactions qui sont les miennes.
Sur la forme d’abord, permettez moi de trouver la méthode inqualifiable. En effet, apprendre par voie de presse mon exclusion lors d’une réunion où je n’ai pas été invité, ni même contacté préalablement relève de méthodes qui ne grandissent pas ceux qui les mettent en œuvre. Je remercie ceux d’entre vous qui m’ont fait part de leur sentiment identique sur ce point. Certes, la transparence n’est pas la qualité première du fonctionnement de notre groupe, mais enfin, elle aurait eu au moins le mérite d’une certaine démocratie avec, après mon audition par exemple, un vote à bulletin secret.
Mais l’essentiel est bien le fond, c'est-à-dire les faits qui me sont reprochés. Je distinguerai les termes du courrier, seul élément « officiel », des propos publiés dans la presse, moins officiels même si relatés par le journaliste entre guillemets.
Le premier paragraphe du courrier me reproche de n’avoir pas soutenu la cause des candidats UMP lors des dernières échéances, et même d’avoir favorisé les socialistes.
Je voudrais d’abord rappeler que le groupe de la majorité départementale n’est pas le groupe de l’UMP, et qu’il a pour vocation de traiter les questions relevant de la majorité au Conseil Général, et non pas de questions présidentielles ou législatives. Il y a là confusion du rôle du groupe, nous sommes plusieurs à le penser.
Par ailleurs, reprocher à un membre de l’UDF MODEM de ne pas soutenir des candidats UMP, lorsque des candidats UDF MODEM se présentent, me parait surprenant. Il est du rôle d’un parti politique de présenter des candidats pour faire la promotion de ses idées et de ses valeurs ; et bien évidemment chaque candidat est légitime à défendre ses positions, y compris en affrontant celles des autres candidats.
Enfin, il m’est reproché dans ce paragraphe, d’avoir favorisé les adversaires socialistes. Le département du Loiret ayant à nouveau retrouvé 5 députés UMP, la victoire me parait suffisamment large pour que cet argument ne puisse pas être recevable.
Le second paragraphe relève de l’interdiction de l’expression démocratique. En effet, envisager de présenter des candidats UDF MODEM aux prochaines échéances romprait la solidarité de notre groupe.
Je voudrais d’abord rappeler que lors de ma première élection en 2001, alors qu’il avait été convenu après dialogue avec A. Carré et E. Doligé que je serais le candidat « UDF Majorité départementale » au regard du fait que mon prédécesseur était UDF, une candidate RPR s’est déclarée quelques semaines avant l’élection et a été soutenue par E. Doligé, tandis qu’A. Carré me soutenait.
Plus tard, lors de la cantonale partielle d’ Outarville, le candidat soutenu par l’UDF étant arrivé en tête du premier tour, l’ UMP décidait de maintenir son candidat, finalement élu.
Ces deux exemples montrent bien que la notion de solidarité dans ce groupe de la majorité départementale est à géométrie variable.
Toujours est il qu’il est du rôle d’un mouvement politique de présenter des candidats aux élections, et que mon exclusion du groupe libère désormais l’ UDF MODEM, pour les cantonales, de toute notion de solidarité avec votre groupe.
Le troisième reproche, « apothéose » est il écrit, consiste à me contester le droit de me maintenir au second tour des législatives. Je souhaite simplement affirmer que lorsqu’on va au combat électoral, on souhaite le gagner, qu’il est naturel d’y mettre tous les moyens de la réussite, et que les éventuelles alliances ne se décident pas avant de connaître le résultat du premier tour.
Je tire la conclusion des écrits de ce courrier qu’il y a confusion de rôle entre le groupe au Conseil Général et la politique nationale, et entre le rôle d’un groupe de la majorité et le rôle d’un groupe UMP. Car enfin, m’est il arrivé de ne pas voter le budget du Département ou de m’opposer à de très nombreux rapports présentés par l’exécutif, ou de dénigrer la majorité et son Président lorsque j’étais en représentation ?
J’évoque maintenant les reproches repris par la presse mais non mentionnés dans le courrier d’ A. Carré. Je pense donc qu’ils ont effectivement été tenus, comme certains me le confirment, mais non écrits par prudence politique. J’y répondrai donc en mettant le conditionnel.
« On ne peut pas à la fois profiter des avantages du groupe et dehors tirer dedans » aurait dit l’un d’entre vous, selon le journaliste. J’ai beau chercher les avantages du groupe…dans la manière dont il fonctionne …et je ne suis pas le seul à le penser.
« Il se félicite de la défaite de Juppé et Donnedieu ! Une traîtrise » aurait prononcé un autre.
J’ai appelé, dans un article de mon blog (www.yvesclement.org) à aller voter et à voter propre. Il m’a semblé utile en effet, après le résultat du premier tour de la législative d’inciter mes électeurs et sympathisants à aller accomplir leur devoir électoral pour le second tour. J’ai également extrapolé sur le niveau national en souhaitant que ne soit pas élues des personnalités, quelle que soit leur couleur politique, qui ont été condamnées par la justice pour des faits politiques. J’ai en effet cité messieurs Juppé et Carignon, ainsi que monsieur Donnedieu de Vabres, condamné en 2004 pour blanchiment d’argent. C’est pour moi une ligne de conduite constante, approuvée par plusieurs membres du groupe.
Permettez moi de sourire en vous rappelant les sénatoriales 2001 où Messieurs Deschamps et Grillon, de la même couleur politique que le Président Doligé ont conduit des listes contre leur propre camp. J’étais pour ma part candidat sur la liste UDF. Personne d’entre nous n’a été exclu du groupe de la majorité à l’époque. Pas plus que je n’ai été exclu à l’issue des élections européennes et régionales de 2004 alors que j’étais présent sur les deux scrutins.
En fait, au moment où le Président de la République pratique l’ouverture la plus large, la majorité départementale cultive la pensée unique.
Je poursuivrai donc l’exercice de mon mandat de conseiller général avec liberté et indépendance, dans le respect de l’institution et de tous mes collègues. A l’écoute de nos concitoyens, celles et ceux qui nous élisent, j’accomplirai mon travail de terrain et de dossier, et resterai soucieux de l’intérêt général et du développement de nos territoires départementaux. Mes valeurs sont celles d’un homme libéral, social, humaniste et européen. Ces valeurs sont celles du Mouvement Démocrate. Elles sont partagées par nombre de nos concitoyens : ils trouveront en moi leur fidèle et déterminé représentant.
Je vous souhaite, Chers Collègues, d’agréables vacances.
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